Le champ de la toponymie critique ou politique, après quelques travaux précurseurs au XXème siècle, s’affirme au niveau international depuis les années 2010. La chaire Unesco en toponymie inclusive « Dénommer le Monde » participe à sa visibilité, tant d’un point de vue académique (Manuel de synthèse, Mooc et réseaux de recherche) que du point de vue de l’engagement auprès des Organisations internationales, ONG, mouvements activistes et gouvernements locaux.
Les sujets brulants ne manquent pas qu’il s’agisse de la reconnaissance des toponymies vernaculaires liées aux savoirs autochtones et aux langues régionales, de la féminisation et la décolonisation des paysages toponymiques urbains ou encore de l’adressage des campagnes et des quartiers informels. On pourrait aussi mentionner les enjeux liés à la numérisation et à la croissance du Big Data géoréférencé. Dans ce contexte, la question des enjeux sociaux et politiques de la dénomination des lieux et des relations entre les différents corpus de toponymes est cruciale. Elle nécessite non seulement des études contextualisées, mais aussi un cadre conceptuel apte à faire parler ces cas de manière plus générale et à clarifier les dispositifs dans lesquels ils s’inscrivent. La conférence portera sur ces enjeux conceptuels et théoriques.
Le cas de la diffusion mondiale des toponymes d’après la figure de Nelson Mandela, que l’on retrouve de tous types de centres à tous types de périphéries, permettra de poser toute une série de questions sur les enjeux de la néotoponymie. Ce terme ainsi que celui de toponomascape pourront ensuite être définis, préalablement à l’évocation des problèmes théoriques du positionnement d’une toponymie critique au sein de l’appareil conceptuel de la linguistique et de la sémiotique.
Les ressources théoriques externes largement utilisées en toponymie critique (Gramsci, Bourdieu, Foucault) seront ensuite envisagées avant de présenter un modèle d’interprétation des pratiques néotoponymiques qui combine les déterminants de contexte et de jeu d’acteurs avec les logiques de dénomination d’objets géographiques.
Les apports, mais aussi les limites, d’un tel modèle en termes de réception, d’imaginaire et de matérialité seront discutés avec une ouverture sur les notions de culture et régimes toponymiques.

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